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Justice et corrida

  • Photo du rédacteur: Jean-Marie
    Jean-Marie
  • 6 juin 2020
  • 11 min de lecture

Dernière mise à jour : 3 janv. 2021






Un fait divers inquiète en ce milieu d’printemps :

Archibald est jugé. Il est taureau ibère

Et il s’est fait grugé d’une chose héréditaire

Près de Bures-Sur-Yvette il y a d’ça quelques temps.

Son chef d’accusation est d’être encore en vie

Et d’avoir mangé l’œuf que sa chérie pondit

De n’être qu’à moitié bœuf dans la Pays d’Gandhi

Et d’être en possession d’un tchèque sans préavis.


Le magistrat debout plaida à New Delhi Pour qu’la tauromachie s'hispanise à Bombay Pensant que le hachis qui s'en vient du Tibet Prendrait vite le bout depuis l'mâchicoulis. L'avocat mexicain commis d'office cuisine Guacamola l'curry en déglaçant la cour

Proposant au jury que soit coupée très court L'appendice du faquin de façon Philippines.

« C'est qu'c’est un grave un délit s'emporte la présidence Qui se retrouve à g'noux mi debout pas assis Toréer pour Vishnou sans une acrobatie

C'est ajouter Chili dans votre outrecuidance ! Couper court à la cour quand la cour est arène C'est vache pour la reine qui était issue d'Autriche Et reçu en étrennes des p'tites coupures bakchich Pour modifier le cours des bourses des messieurs rennes ! »


« Objection votre honneur - Elle s'croit aux USA - Trancha avec aplomb celle des parties civiles Les caribous en ont, sont-ils pour ça si vils Qu'en tout bien tout honneur on n'puisse leur laisser ça ? Certes dans leurs élans ils n'ont rien d'orignal Et leur cervidité, si elle est indéniable, A d'la bovidité de façon remarquable... Les olé des élans sous les feux de Bengale Offrirent à leurs faons l'idée qu'les banderilles Plantées dans le garrot des wapitis burlesques Ou de leurs petits veaux sont des pratiques simiesques Et cruelles échauffant le macho de Séville ! »

« Pas d'quartiers maître aurait dit la Marine! Rétorqua le commis quelque peu irrité, Il y a dichotomie pour le cinquième quartier Dans quel camp faut-il mettre les boyaux d'Cochinchine ? Et pour quelle Indochine aux confins du Tonkin Cuisinons-nous les tripes alors que c'est à Caen Que les "very good trip" doivent choisir leur camp: LSD aspirine, Cotentin ou Pékin ! »

« Accusé levez-vous intime solennell'ment

Le président d'la cour au bovidé sanglant

Dev'nu bœuf au détour et sur un ton cinglant, Archibald c'est bien vous? Z'êtes né au Rajasthan? »

Le bœuf a des raisons que bien des steaks ignorent Certes il n'a plus les boules qui le f’sait Boukisthan Ni l'odeur de la foule qui criait tout le temps « Olé » pour crevaison par les pics matador !

« Archibald je me nomme je suis né à Jaipur Adepte de l'amour vache et d'l'oviparité Sur un ton bien bravache ignorant parité J'ai dit à mon binôme qui est de Singapour « Où est donc passé l'œuf que tu pondis chérie Sur la côte Malabar ou de Coromandel Les îles Zanzibar qu'on dit être archipel Où est donc passé l'œuf est-ce une supercherie? » En mi bœuf mythomane et pour moitié taureau Je la croyais encore ma génisse ma Io Ma belle Chandernagor mais sans imbroglio: « C'est un œuf à brahmane tu n'es plus hétéro ! » Je vous l'demande ici messieurs dames les jurés Vous avez devant vous un rescapé d'l'arène Qui avait rendez-vous avec une déesse reine Mais trahi par celle-ci s'est mis à conjurer D'abord en gobant l'œuf pondu en comptoir d'Indes Ensuite devint grenouille pour pouvoir se gonfler Tout en perdant une couille déjà bien boursouflée Enfin se faire mi bœuf avec des airs de dinde!

Vous avez devant vous un animal grégaire

Une moitié d’eunuque en assises debout

Comme prophète Habacuc sur route de Katmandou

Et qui se désavoue autiste bien Asperger.

Certes, certes je sais qu’en golfe du Bengale

Jadis sur un comptoir j’ai gouté à l’œuf dur

Était-ce un jour un soir fut-ce en Estrémadure ?

Ma mémoire dit no sé et supplice de Tantale…

Peut-être dans une brass’rie tout près du Montparnasse

Où l’Rimbaud des Ardennes composait le « Du val »

À moins qu’ce soit Aden ou près d’la mer d’Aral

Ou alors en Syrie chez le grand dégueulasse. »

Assister aux assises sur strapontin en bout

C'est un peu comme faire phi de la tautologie Qui d’la douleur fit fi : une blessure d’âme régie Sur une sellette d’assises de magistrats debout. Exporter corrida d’Hispanie vers les indes

S’faisant guider par Io la génisse de Manu

Tel un Marco Polo, c’est une mise à nu

Qu’accompagnent les Védas comme si j’étais foldingue !

Une route difficile messieurs dames les jurés

Ma Pénélope à moi n’a pas d’palais Bourbon

Et son œuf en émoi s’rait dev’nu vagabond.

En demandant l’asile vers le golfe de Corée.

Muni d’un passeport de vacher diplomate

D’une seule des orphelines et d’une vache sacrée

Blindé de chloroquine et comptant sur Astrée

J’voulais atteindre le port aux delà des Carpates ! »


« Nous avons bien compris l’ampleur de votre périple

Bien que peu cervidé et beaucoup moins servile

Que c’que suggère l’idée des dires parties civiles,

Et qu’si de la Hongrie vous vous fîtes disciple

En laissant testicule sur le bord du Danube,

Railla le juge assis en pensant à Ulysse

C’est que la Croatie ne fit pas vos délices

Lui préférant Hercule avec ses beaux succubes !

Le décousu d’fil blanc, Monsieur du Rajasthan

De vos péripéties hispano-bengalies

Plairont aux orignaux, aux rennes de Mongolie,

Je leur souhaite plein d’élans en caribous instants ! »


« Qu’ouïes-je ? Que vois-je ? Qu’entends-je ? Je tautologue encore

Dans mon entendement ; d’accord je suis commis

Et un p’tit peu dément pourtant je n’ai omis,

Lors de tous mes échanges avec celui retord

Prénommé Archibald, aucune piste d’éveil

Qui puisse accréditer que tenant l’autre pour l’une

Sa Kathy l’a quitté pour aller faire fortune

Au pays de Donald chantant du Bobby Brel !

Pensez-vous un instant qu’l’avocat mexicain

Commis pour que l’office frise la correctionnelle

Vous parlerait d’Boukhis le taureau éternel

Si hors du Kurdistan Monthou était divin ?

Messieurs Dames j’vous conjure vous qui êtes jurés

De r’garder mon client avec humanité

De l’percevoir liant pourvu d’une grande bonté :

Vous refus’rez qu’en ure il finisse déchiré

Blessé par les sarcasmes d’une foule banderillesque

Lacérant ses flans flous de billevesées acerbes !

Sous prétexte d’Andalou ou de mauvaises herbes.

Offrez un cataplasme à c’mi bœuf picaresque !

Mettez-le au pinacle des déités indiennes !

Certes il a gobé l’œuf celui d’Pondichéry

Mais il s’est lové bœuf tout contre sa chérie

Sans s’donner en spectacle sur les bords d’la Caspienne !»


« L’avocat guacamole comme à l’accoutumée,

Ce maître qui est en somme produit à prix coûteux

Un tout petit bonhomme sous un habit douteux,

Fait démonstration molle d’un clown costumé,

S’emporte l’avocate défend’resse au pénal

Pour les parties civiles Bengalies-Ibériques,

Il faut se rendre compte Messieurs Dames les jurés

Que le sieur Archibald est un fieffé menteur !

Sa fuite vers le Népal un soir de chandeleur

Qu’il explique et raconte promis craché juré

Comme la conséquence des tortures matadors

N’est en fait qu’alibi pour fuir vers le facile,

Une quête d’Olympie désignant la Castille

Comme une anti-Byzance peut-être pire que Gomorrhe !

Et ses blessures de mâle qui l’ont fait mi taureau

Ne vous y fiez pas, c’est du mythologique !

D’Aubigné Agrippa compta dans les Tragiques

Des images d’Épinal pugilats pectoraux :

« Néron laissait en paix quelque petite part;

Quelque coin d’Italie, égaré à l’écart,

Echappait ses fureurs; quelqu’un fuyait de Sylle

Le glaive et le courroux en la guerre civile ;

Quelqu’un de Phalaris évitait le taureau,

La rage de Cinna, de César le couteau;

Et – ce qu’on trouve encore étrange entre les fables –

Quelqu’un de Diomède ouvrait grand les étables;

Le lion, le sanglier qu’Hercule mit à mort,

Plus loin que leur buisson ne faisaient point de tort

Quand l’Hydre assiégeait Lerne, du taureau la furie

Courait Candie; Antée affligeait la Lybie… »

Vous l’avez compris là vous les jurés d’assise

Qu’la furie d’l’accusé en arènes andalouses

Ordonne à ébouzer ceux-là qui sont barbouzes

Au service de Sylla pour faire la surprise,

À un époux jaloux assis sur les gradins,

D’une hallebarde cynique plantée en chair de poule !

La corrida étique ça perfore ça chamboule

Et l’mi bœuf andalou qui veut se faire indien

A trahi les valeurs que toute l’Espagne admire

Proposant au lecteur une Chimène insensible

Un Rodrigue sans cœur un matador risible

Et cent ans de malheur au centre de la mire !

« Quel antre caverneux, quel sablon, quel désert,

Quel bois, au fond duquel le voyageur se perd,

Est exempt de malheurs? Quel allié de Byzance

De ton breuvage amer n’a humé l’abondance?

Car, diligente à nuire, ardente à rechercher,

La lointaine province et l’éloigné clocher

Par toi sont peints de rouge, et chacune personne

A son meurtrier derrière avant qu’elle s’étonne.

Ô qu’en Lybie Antée, en crête le taureau,

Que les têtes de l’Hydre, du noir sanglier la peau,

Le lion de Némée et ce que cette fable

Nous conte outrageux, fut au pris supportable !

Pharaon fut paisible, Anthiochus piteux,

Les Hérodes plus doux, Cinna religieux :

On pouvait supporter l’épreuve de Pérille,

Le couteau de César et la prison de Sylle ;

Et les feux de Néron ne furent point des feux,

Près de ceux que vomit ce serpent monstrueux.

Ainsi en embrasant L’Espagne misérable,

Cet Hydre renaissant ne s’abat, ne s’accable

Par veilles, par labeurs, par chemins, par ennuis ;

La chaleur des grands jours, ni les plus froides nuits

N’arrêtent sa fureur ne brident le courage

De ce monstre porté des ailes de sa rage… »


« Votre plaidoirie, maître, a quelque chose de plus :

Un peu de bison frais cet urus d’Amérique

Qui pousse des cris d’orfraie quand les lances le piquent

Alors pourquoi soumettre César Sylla Brutus

Aux tests d’Aubigné ? Tranche le Président

Quelque peu alangui par les mots, certes beaux,

Mais qui laissent groggy la plupart des badauds

De cette p’tite assemblée ou s’cache Tony l’truand !

Pourquoi l’taureau d’airain de l’autre côté d’Messine ?

Pourquoi tous ces Hérodes l’Antipas l’Agrippa ?

Et pourquoi pas Commode qu’la grande histoire zappa !

Certes, certes je conçois que vos parties civiles

Aiment en apporter deux et qu’Archibald assis

Se sente brouillardeux voire même un peu rassis

En voyant votre soie en manches faire des vrilles !

Mais vous n’avez rien dit, fut-ce avec d’Aubigné,

Qui précise au jury qu’Archibald a failli

Et qu’il doit être occis ici à New Delhi

Pour plus que tragédie ne puisse s’esbigner !

Peut-être que l’procureur qui en rien n’est Desproges

Pourra de sa chaire molle démontrer in situ

Que l’condamné taurin qui se dit être bovin

Expiera tartarin sans doute mais pas en vain

Sur l’autel de Shéol sans avoir combattu !


« Monsieur le Président de la cour des miracles

Madame la défend’resse des civiles génitoires

Très épais Damoclès commis d’Ostende à Thouars

Jurés ici présents auditoire du spectacle !

Je vous dois un aveu – ce qui est plutôt rare

Pour le bras bien armé d’une justice implacable –

Je me sens désarmé face à ce pieu coupable

Qui fit naguère des vœux pour un désordre anar

Et qui dans son périple indo-européen

Perdit la boule qui, nonobstant l’aire du temps

De toute la Kamoukie qui jouxte le Boukhistan,

Avait deux comme multiple en non cyclopéen !

Messieurs Dames les jurés (et j’ouvre une parenthèse

En vous disant combien il me faut de sang froid

Pour trouver une rime bien et encore une fois

Qui s’allie aux jurés et qui serve ma thèse),

L’mi taureau Archibald jamais plus n’combattra ;

Finis les picadors et leurs ch’vaux de parade

Plus d’craintes du matador qui porte l’estocade

Dans le golf du Bengal il aura vie d’castrat !

Oui la clémence m’anime moi qui châtie si bien

Dans les temps ordinaires, qui immole et qui tranche

Qui fait trembler les chairs à force de remontrances,

J’ai en bouche cette maxime que j’tiens d’un vieux Libyen

Cet Antée Diluvien issu de la terre mère

Qui aimait le combat même sans les arènes :

« Palme masque et tuba pour chasser la murène

Certes cela convient, mais s’il n’est pas de mer

La nature du duel se dilue dans l’oubli

La plancha se sent seule et le tapas itou ! »

Cet aphorisme veule qui dit rien qui dit tout

Peut vous sembler cruel et me sert d’alibi

Pour démontrer tranquille pourquoi notre accusé

A d’Antée l’agricole et d’Héraclès la force !

Certes l’ami guacamole, qui pourtant bien s’efforce

De défendre au civil sans jamais récuser

Eut pu rendre palpable cette double lignée

Et faire de notre coupable une victime expiatoire

Le rendant admirable au sein de ce prétoire !

Lors donc cet Archibald qui ici comparaît

Passa par la Lorraine en restant Tripoli

Pensant qu’c’est au Liban que les sabots dondaine

Croisent les trois tyrans qu’on dit trois capitaines

Alors que les Hellènes peuplent l’Anatolie.

Ce faisant et perdu dans les dédales intimes

Du procureur habile, Archibald rencontra

Un beau gars bien viril disciple de Mythra

Mi pelé mi tondu de contrée levantine

Qui se dit fils d’Alcée et descendant d’Persée

Et qui croisa Antée en terre neuve de Lybie

Et le lion d’Némée et la maman d’Bambi

Le musicien Orphée et les bras de Morphée !

Antée est fils de terre Héraclès de lumière

Antée une brute épaisse Héraclès justicier

Qui fait dans la finesse pour Cerbere enchainer

Sans l’aide de fil de fer ni celle du gros Robert !

Lors donc disais-je déjà Archibald fort des reins

Provoqua Phalaris le tyran d’Agrigente

En façon Chuck Norris « ton supplice me tente

Tu te crois le rajah mais ton taureau d’airain

Sur moi n’a pas de prise même les matadors

N’ont pu me mettre à mort dans mon Andalousie ! »

« Toi le Texas Rangers lui répondit l’tyran

Tu vas finir ici et porté disparu

Veni vedi vici se prononc’ra vains culs

Et j’f’rais du body-surf sur ton cuir vétéran ! »


L’Archibald jugé dans notre assise en cours

Subit avec courage le châtiment taurin

Prémices d’équarrissage dans le creuset d’airain,

Messieurs Dames jugez combien dans cette cour

La cruauté sadique des tyrans d’Acragas

Surtout de Phalaris vil hongreur d’équidés

Qui pense que sont délices les couilles de bovidés,

Comblant son monadique en pugilat pancrace,

Quand les choses de la vie qui par paires sont offertes

Peuvent se faire orphelines dans leur gémellité

Dépassant d’l’hongreline sans familiarité

En offrant de l’envie aux langues les plus expertes !

Refusant la totale, notre Archibald preux

N’en laissa qu’une rôtir sur l’airain du fourneau

Ne voulant être martyr pas plus qu’être soprano !

De ce piège à deux balles tendu par cet affreux

Il sortit prestement faisant sa corrida

Esquivant escarmouches évitant banderilles

Se disant « tabarnouche c’est bien pire qu’à Seville !

J’ai perdu l’élément mais je n’suis pas fada ! »


Je sais que maintenant pour rentrer plus avant

Dans le vif du sujet et d’aborder le bœuf

Durant tout son trajet et bien sûr aussi l’œuf

Vers le soleil levant et en sous-continent

Il me faut déployer trésors d’imaginaires

Abracadabrantesques dans la mythologie

Et du croquignolesque dans la philologie

Et l’art du plaidoyer et l’bon itinéraire !

Madame la défend’resse, Monsieur l’commis d’office

Certes vos plaidoiries comme à l’accoutumé

Parlent de l’hongroierie comme pour apostumer

Cette peau pécheresse qui n’a rien d’Adonis… »

Que ce pauvre Archibald cherche à sauver des hommes… »

« Monsieur le Président ! S’insurge la défend’resse

Votre procureur hongroie mais j’ai le cuir épais

Et je suis dans mon droit d’lui fermer son clapet… »

« Madame pas d’incident, prenez de la sagesse !

Une bonne jurisprudence évite bien des fureurs

Et j’aime la prudence…Allez-y procureur ! »

Certes et je vous en sais gré ! Mais saperlipopette !

Faut-il que l’émigré avec une seule roupette

Se retrouve en cavale sur la route de l’opium

Traqué par hongroyeurs qui coupent et puis qui tannent

Voulant ach’ver besogne tout en boudant la peste

Et qui sur l’autre lorgne dans le tout Budapest,

Faut-il une telle tumeur et une telle Macédoine

Pour que votre barreau s’émeuve en éloquence ?

J’ai peur que le posthume de ce demi taureau

Soit dû à l’apostume qu’il porte à fleur de peau

Depuis l’Monténegro ou même depuis Valence !...

Je demande la relaxe, je sais c’est peine à ouïr

Mais l’intérieur d’mon for avec tous ses créneaux

Me supplient et m’implorent : ne tombe pas dans l’panneau

Des fous de la syntaxe qui n’arrivent à jouir

Que quand se fait dur l’œuf sur les bancs de Cordoue ! »


« Monsieur le Procureur quel bien beau plaidoyer,

Vous avez un bon cœur, vous savez délayer

Mais l’avocat du bœuf en cette cour hindoue,

Ricana guacamole d’une voix épicée,

C’est moi et je l’assume ! Nul besoin d’Aubigné

Pour décrire l’apostume ni non plus d’esbigner

Vot’e petite demi molle sous la robe policée

Qui porte le courroux du peuple en périgée

Par des effets de manches et un col en hermine !

Si vous maniez bien l’anche du détroit de Messine

Jusqu’au pays d’Vishnou maitrisant vot’e sujet

Dans le jeu du pipeau ou celui du hautbois,

Je dois quand même vous dire que mon client taurin

N’est pas là pour décrire sur quelques parchemins

Ou sur de mauvaises peaux les cases du jeu de l’oie !

De Charybde et Scylla sans doute craigniez-vous

D’y tomber en écueil ou dans un tourbillon

Et que vos mots en seuil tels des trublions

Fassent une guérilla et à une cause se vouent !

Monsieur le Procureur, vous le savez comme moi

Vivre heureux est possible même en en ayant qu’une

Et sans être risible mais en f’sant bonne fortune

Cultivant la douceur et recherchant l’émoi.

Laissons tomber l’comptoir celui d’Pondichéry

Et les maximes idiotes qui disent œuf qui disent bœuf

Qui pense qu’un cyclope gobe un bœuf comme un veuf !

Il n’y a rien à y voir surtout pas sa chérie ! »


« Madame la défend’resse des parties dites pénales

Voulez-vous en cette cour et pour finir séance

Ajouter un mot court qui n’fasse pas redondance,

Propose avec justesse le chef du tribunal,

Si tant est que bien sûr les jurés vous agréent

Que l’guacamole acquiesce et l’procureur admette ! »


«Je suis défenderesse c’est tranché c’est tout net !

Ma mission certes est dure mais j’l’adoube de plein gré !

Défendre les parties est d’abord parti pris

Une seule est en péril et elle est génitale !

Pour l’œuf c’est puéril l’histoire de Io banale

J’en ai pris mon parti et puis… Pas vu pas pris »


« Pour ces éclaircissements un grand merci Madame !

Monsieur le procureur ? Et vous l’commis d’office ?...

Demain matin dix heures et selon la notice

La cour dans son clément reprendra son ramdam !


La séance est levée


Jean-Marie Giraud

Achevé à Villemus, le 6 juin 2020



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