Dans la case
- Jean-Marie

- 14 avr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 avr.

Dans cette villa triste
Où les pièces se jouent
Se jouent de vous de nous
Se jouent de nous de vous
Dans cette villa triste
Les chambres se gardent
Les salons paradent
Les boudoirs s'évadent
Dans cette villa triste
Dans cette maison grise
Où les salles sont séjour
Où la nuit il fait jour
Quand se baisse l'abat-jour
Dans cette maison grise
Les salles sont de bains
Les WC peu urbains
Les corridors sanguins
Dans cette maison grise
Dans cet immeuble sale
Les escaliers sont sombres
Les étages sont en nombre
L'éclairage s'effondre
Dans cet immeuble sale
Les portes ont des judas
Des verrous haut et bas
Pas d'digicode en bas
Dans cet immeuble sale
Dans ce gîte à la noix
On m'a posé un lièvre
Un rendez-vous d'orfèvre
On m'a pris pour une chèvre
Dans ce gîte à la noix
En semelles et culotte
J'fus braisé papillote
Je comptais pour gnognotte
Dans ce gîte à la noix
En ce mas méridien
Sous la treille muscate
Je tente la régate
Je me fais acrobate
En ce mas méridien
Montant au mât pirate
Ignorant ma prostate
Et mon taux d'acétate
En ce mas méridien
Courée septentrion
Tes briques rouges m'ocraient
Tes briques et tes volets
Bosser c'était tisser
Courée septentrion
Alma-gare inventif
Coursives en collectif
Séjour associatif
Courée septentrion
Dans cette longère d'Eure
Les gouttereaux sont longs
Les pièces en échelons
Laissent voir les moellons
Dans cette longère d'Eure
Les cheminées sont briques
Les histoires s'imbriquent
Lointaines ésotériques
Dans cette longère d'Eure
Dans ce logis gigogne
Se superposent paddocks
Se juxtaposent colocs
Pépinière d’anecdotes
Dans ce logis gigogne
Les clic-clacs se rabattent
Sur des corps qui s’ébattent
En jeunesse acrobate
Dans ce logis gigogne
En cette masure usée
Le foyer est en pierre
La toiture est gouttière
Les fenêtres sont portières
En cette masure usée
La toile cirée s’en fout
Elle se sent sans le sou
Mauvaise pioche mauvais goût
En cette masure usée
En garni sous les combles
Dans le lit quatre-vingt
J’ai touché au divin
De peaux au grain très fin
En garni sous les combles
Deux chaises une table un feu
Des corps des rires des jeux
L’idée d’être chanceux
En garni sous les combles
Dans ce palais d’amour
Des glaces mandarine
Des joues qui s’épépinent
Se distinguent en vitrine
Dans ce palais d’amour
Les lèvres se font désir
Les plaisirs chair chavirent
Comme les sorbets d’Elvire
Dans ce palais d’amour
Dans l’hôtel aux étoiles
La piste d’accès dédale
Dans l’hélicoïdal
Qui surplombe Pigalle
Dans l’hôtel aux étoiles
La chambre est un mystère
Elle est jaune et austère
Sans cravate de notaire
Dans l’hôtel aux étoiles
Dans la misère cahute
La tôle est ondulée
Le sol est maculé
Le verbe est muselé
Dans la misère cahute
Le jardin est jachère
Les murs sont de travers
Y vivre est un calvaire
Dans la misère cahute
Dans l’asile pavillon
Les oreilles sont épiées
Les orteils estropiés
La raison congédiée
Dans l’asile pavillon
L’enclume se fait marteau
Les psys jouent concerto
Violons sous le manteau
Dans l’asile pavillon
Cachée dans la bâtisse
Les ans en soixantaine
Jouent juste une rengaine
Qui pue la puritaine
Cachée dans la bâtisse
De ces années anciennes
Chargées de laid de haine
De bagnes à Cayenne
Cachés dans les abysses
Dans cette vie-là mienne
Le lit est un bateau
La chambre un numéro
Où se sert le plateau
Dans cette vie-là mienne
Les cuisines sont souillardes
Les couleurs sont criardes
Et les murs se lézardent
Dans cette vie-là mienne
Jean-Marie Giraud
Aubessagne, le 14 avril 2025




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