La traversée du sablier

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En l'étang qui s'étire sur les berges des ans Je tente de m'embarquer sur la mémoire d'antan. Une brise timide irise le calme d'eau Ma barque à peine bouge sur la douceur des flots. Je rame en harmonie mais là vie glisse belle, Sur chaque bords de coque les fluides se font tels Que l'avance s'opère en un glissement lent Comme si l'calendrier dilué dans l'élan N’égrenait que les ans en oubliant les heures N’égrenait que les ans en oubliant les heures ! Quand les berges des ans s'étirent en plages horaires Je m'perds en sablier j'devisse en sens horaire. Le vent a bien forci offrant de beaux Beauforts Aux lames qui viennent mourir au pied des sémaphores. Sur ma barque en roseaux le temps se plie s'enroule Et masse avec vigueur mes flancs qui tanguent et roulent Sur les crêtes des larmes et sur le sel de l'eau. Des jours pour des minutes c'est déjà l'à-vau-l’eau Le sablier me ment plus d'montre à mon gousset ! Le sablier me ment plus d'montre à mon gousset ! Quand se lustrent les berges par crainte des décades Est-ce l'étang qui rêve de périlleuses cascades ? Les Beauforts s'outrepassent ils s'comptent en abondance Et la mer est fondue en folle écume elle danse ! Où sont les grèves, le sable, où sont les fables, les rêves ? L'endolori des flancs n'offre plus guère de trêve Aux maux des apartés qui craignent les hauts fonds, Les ans sont des rouleaux qui violemment défont Les temps d’inachevés les constructions d'enfance ! Les temps d’inachevés les constructions d'enfance !

Quand s’en viennent les vingtaines multipliées par quatre

L’étang se fait la scène dont la vie est Théâtre

À quoi bon les compter les Beauforts force neuf !

La tempête fait trop mal, sur les vagues plus de surf !

Et l’étang est à feu et l’étang est à sang

Ma barque est bientôt feue mes ans ne font pas cent !

Les temps deviennent manquant à l’esprit, mais le corps

Brisé par tant de flots ne rêve plus de port :

Mais d’une belle plage horaire qui adoucissent les berges

Mais d’une belle plage horaire qui adoucissent les berges !

Les berges de l'étang s'éloignent maintenant Le quai de vie d'antan s'étiole en imminent...

Jean-Marie Giraud

Nyons, le 02 mars 2021