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Le lin seul

  • Photo du rédacteur: Jean-Marie
    Jean-Marie
  • 26 juin 2019
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 3 janv. 2021






Quand est demain de veille

Cet aujourd'hui qui s'ouvre

Sur une soirée sommeil

Que juste un drap recouvre

Quand dépasse de la poche

En incarnat vermeil

La carte mauvaise pioche

Mais qui fit des merveilles

Quand en chemin de faire

Omnibus obstiné,

Micheline d'enfer

La vie fut tortillée...

Le coton s'est ôté

Proposant au lin seul

D'envelopper d'été

Les corps qui furent seuls.


Quand s'canicule l'été

Constellation p'tite chienne

Nous dit: "moi j'y étais

Plus vraie que l'arlésienne

Laissez donc de côté

Vos mohairs et vos laines

Aimez à satiété

Et ouvrez vos persiennes !"

Le cocon se fait soie

L'écharpe inopportune

Coton ne va plus d'soi

Et lin seul infortune...

Le nu alors s'impose

Comme ténu lien de cœur

Alors que nos corps osent

Quelques gouttes de sueur.


Quand vos seins sous Playtex

De s'être cœur croisé

Se mettent à l'index

Pensant être lésés,

Quand ils prennent prétexte

De ces trop chauds jours d'août

Pour se faire ambidextres

Et sans l'ombre d'un doute

En signes abécédaires

Écrire pleins déliés

Des nus en caractères,

Je me sens relié

Au pinceau de vos seins

À vos hanches qui plument

A vos mots beaux d'essaim

Qui caressent comme plume.


Quand en partage d'aubes

Quand le lit lie les corps

Que tourne la roue à aubes

Qu'tu t'fais Lilly encore

Ôtant de ton cou laine

Préférant le doux d’soie

Pour t'offrir en Marlène

Mi pour toi mi à moi,

Je sais coton vers laine !

Je sais les mots de Paul

Pour Arthur ce Verlaine

Je sais bien le symbole

Quand le lien se fait lin

Qu'il est bien chatoyant

Quand l'esprit tout malin

En sommet culminant


Sonde nos avant-hier

Du pays Kukistan

En mitrailles mystère

En écus bien sonnant !

Eh oui quel chemin d'fer!

Caen futile Montdauphin ?

Prisonnier de mon faire

Englué en mot "fin"

Je n'ai pu que trois roses

Trois présages floraux

A peine des mots de prose

Comme un antihéros

Qui tente dans l'ultime

D'un wagon de déveine

De signifier l'intime

Dans pauvre gare de Veynes.


Jean-Marie Giraud

À Villemus et Reillanne, le 27 juin 2019



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