Les chairs en élégance
- Jean-Marie
- 11 juil. 2023
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 avr.

"Si vous voulez que j’aime encore, Rendez-moi l’âge des amours ; Au crépuscule de mes jours Rejoignez, s’il se peut, l’aurore.
Des beaux lieux où le dieu du vin Avec l’Amour tient son empire, Le Temps, qui me prend par la main, M’avertit que je me retire.
De son inflexible rigueur Tirons au moins quelque avantage. Qui n’a pas l’esprit de son âge, De son âge a tout le malheur (...) "
Extrait de à Madame Châtelet François Marie Arouet dit Voltaire
Dans mon altération en tissus de vieillesse
En perte musculaire relâchement tristesse
Je me sens lévrier nostalgique de levrette
Érigé de travers et vide sous la braguette.
Pourtant parfois des fois quand l'esprit vagabonde
Quand les formes qu'il projette se font rondes ou girondes
Je constate en coulisse esquisse de soulève’ment
Cherchant pointe de désir pour le prolongement.
Alors se font images pleines d'entrelacs de corps
Colorés mats satins qui sentent doux qui sentent fort
Corps fessus corps ventrus hommes et femmes à peaux lasses
Peu importe dans quel ordre ils n'sont pas dégueulasses !
Et il n'y a pas d'ordre le désordre est de mise
Le décor est bataille chacun enlève la ch’mise
Pour que les peaux se touchent et que les mains caressent
Les grains les poils les seins et sous textiles les fesses.
Ils sont nombreux les hommes et les femmes sont nombre
Chacun est à chacun et chacune a son ombre
Et quand la cloche teinte les caleçons sont ôtés
Les petites culottes s'envolent pour offrir les beautés.
Mettons qu’sans les compter ils soient ici vingt culs
– Vingt culs qui sont gagnant ça fait zéro vaincu,
Il en faudrait déduire des fesses en quarantaine
Que les doigts des deux mains atteignent deux centaines.
La parité étant ce sont vingt seins galbés
Vingt couilles chargées d'histoire et dix pénis teubés
Et plein de bouches ouvertes et de langues attentives
Qui baiseront lècheront toutes les chairs lascives.
De l'homo-hétero, pas d'exclusivité,
Les bouches sont unisexe rien n'est à éviter
Une bouche un sein des lèvres un anus ou une bite
Chacun chacune aspire au plaisir qui l'habite.
Les mains caressent agrippent vont et viennent et pétrissent
Les ventres contre ventres et les poils se hérissent
Des aisselles aux pubis et ceux des torses aussi
Les cuisses enferment et s'ouvrent et les langues font récit
Cherchant en cavités une demeure où nicher
Même si la demeure demeure un peu cachée.
Un tel a embouché un membre peu vaillant
Une telle se sent exquise sous des doigts bienveillants...
Les dos se cambrent, les lèvres gonflent les ventres s'épousent
L'accroupie position permet de faire ventouse
Les pénis arquent les seins s'enroulent les bouches tètent
Sur ces corps beaux entrelacés ni queue ni tête
Mais une envie à corps perdu d'incarnation
Qui aille au-delà du b-a-ba pénétration.
Les sens s'aiguisent et ils s'effilent sans interdit
Et les huis s'ouvrent sous la pression comme enhardis !
Coule la salive des lapines pour lapinous
Et dans les plis et dans les nymphes tout est minou
Là pas de griffes et pas de marques y a pas de Lou
Y a pas de loup juste queu leu leu pas de jaloux
Y pas d'Aubade pas d'sérénade tout est permis
Les courbes les raides l'élan la cour et l'affermi
Le mou le doux le fou le cou le cul léché
Pas de licence pas d'impossible pas de péché...
Les chairs en élégance se savourent et se sucent
Les nœuds se font en ganses des coutumes et des us
De toutes ces peaux là perlent des gouttes opalines
Près de l'aine pour l'une ou sur belle hampe câline
En bout de gland ici entre des lèvres là.
Ces gouttes se font rus quand elles vont au delà !
Et les rus se font flux quand montent les émotions
Quand vont et viennent ensemble les envies d'émission...
Les flots se forment en vagues et les reliefs s'aiguisent
Quand se meuvent les sables dans les chairs douces exquises.
Les corps sont plus de vingt sur cette plage imbibée
Ils sont cent ils sont mille décemment exhibés
Habités par l'amour et parcourus de spasmes
Chacun d’eux traversés par l'onde de l'orgasme
Quand le salin de l'eau envahi les muqueuses
Quand les tissus se gorgent de solutions aqueuses...
Les lèvres s'écarlatent d'avoir autant baiser
Ou d' l'avoir trop été et il n'est pas aisé
De démêler les fils qui associèrent les corps :
Des pieds ont été pris et des mains au panier
Des doigts bien égarés de main de maître maniés
Des mains branlantes par ci et des bouches fellatrices
Des recherches de prostate maîtresses inquisitrices
Et du phallique aussi bien fiché dans les places
Et des fois même certaines proposant le biplace !
Aucun cul ignoré aucun sein négligé
Chaque fesse dévorée pas de lèvres affligées
Tous les ventres caressés et les poignées tenues
Les cuisses soulignées les nuques soutenues...
Et maintenant tout se détend tout se dénoue
Se resserre chaque cul se referment les lèvres
Et les bouches osent à peine décrire comment la fièvre
A attisé ces corps qui devinrent un seul
Où membranes et membres ont tous franchit un seuil !
En écrivant ces mots le petit animal
Qui vit dans sa tanière qui vit tant bien que mal
A montré son museau et ses deux belles noisettes
En se disant : "mazette je connais la recette !
Il faut que mon maître aille vers des terres de partage
Vers des chairs de tous âges où les peaux n'sont pas sages
Où les culs sont ouverts chacun à sa façon
Ceux là bien ronds des femmes et ceux dans les cal’çons."
Jean-Marie Giraud
Corps, le 11 juillet 2023
Illustration photo d'une chorégraphie de Boris Charmatz : Herses (une lente introcuction)
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