Des sommets sont tatin... En alphabet grec !
- Jean-Marie
- 20 sept. 2008
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 janv. 2021
Ça y est ! Tout est remonté. Lundi c’était une chute vertigineuse, mardi aussi, mercredi aussi… Puis c’est une hausse, jeudi et vendredi des sommets sont atteints. Je serais tenté de dire comme la tarte, mais je ne sais si je peux faire le parallèle et à condition de faire la liaison. « D'après la tradition et le critique culinaire Curnonsky, ce dessert serait originaire de Lamotte Beuvron en Sologne : les sœurs Stéphanie (1838-1917) et Caroline Tatin (1847-1911) y tenaient un restaurant (qui existe toujours sous le nom d'hôtel-restaurant Tatin) fréquenté par de nombreux chasseurs. Un dimanche d'ouverture de la chasse, alors qu'elle préparait une tarte aux pommes pour un repas de chasseurs, l'une des sœurs, étourdie, la laissa brûler. Elle décida de rajouter de la pâte et remit la tarte au four. Les chasseurs ont apprécié cette tarte, qui est devenue la tarte Tatin »
Je ne sais pas encore le lien entre ce qui précède et ce qui suit, mais peut-être s’établira-t-il d’ici à la fin des mots ! Ou alors, peut-être si : des sommets sont atteints !
Des banques généreuses et attentionnées exerçaient leur activité avec rigueur et sérieux en pratiquant des taux (Tau) d’usure honnêtes et réfléchis en direction de Lambda qui avaient projets à long terme et à financer, et des intérêts à proposer à d’autres Lambda qui avaient quelques bas de laine à exporter de leurs maisons afin d’obtenir un rendement plus important que le seul sommeil des fonds. Certes les banques s’enrichissaient plus vite que les Lambda mais elles étaient moins nombreuses.
Les banques décidèrent, et Sigma banque la première, afin d’augmenter le rendement des leurs actionnaires et donc à la demande de ceux-ci, de garder les Lambda mais de courtiser aussi les Bêta. Les Bêta, en général n’ont pas de bas de laine et n’ont pas de projets à long terme parce qu’ils ne peuvent projeter faute d’avoir les moyens matériels de pouvoir projeter. Ils jouent souvent au loto et autres jeux de hasard avec des petites sommes dans l’attente utopique de gagner le pactole ou le gros lot. Les banques proposèrent donc à ces Bêta des prêts pour accéder à une matérialité inespérée sauf à gagner au loto, non pas le gros lot, mais un de ses dauphins. Pour eux, c’est la tête dans les étoiles, même si c’est la tête dans l’étoile la plus proche du soleil dans la constellation du Centaur et prénommée Alpha. Mues (Mu) par cette nouvelle quête, les banques prêteuses (donc sans aucun lien avec la Psychologie de la fourmi), proposèrent offres alléchantes aux dits Bêta, offres finalisées, chiffrées, pesées au micron (omicron) de dollar ou d’euro près ! Le risque pour les banques étant grand, parce que les Bêtas n’avaient pas le sou, il appartenait aux banques, non fourmis, de trouver de l’argent qui rapporte plus, ou à minima autant, que le risque calculé du non recouvrement des sommes prêtées.
Ce qui devait arriver arriva ! Les Bêtas se retrouvèrent mis à nus (Nu), incapables de payer, chassés de leurs maisons, et sans qu’ils leur restent un Iota d’argent de poche devant eux. Ils furent obligés de s’embarquer sur le fleuve de la vie, sans canoë ni bouée, menés par le courant des eaux douces jusqu’au Delta où ils se fracassèrent sur les rouleaux des eaux salines de l’océan !
Les banques qui jusque-là connaissaient bien les gammes à (gamma) entuber les pauvres, pensaient encore une fois sortir grandies de cette aventure financière, grandies capitalistiquement. « Qui qui va payer cette fois-ci encore ? » se réjouissaient les banques « Encore une fois les pauvres, et en pensant que nous sommes des Philanthropes ! ». Les administrateurs des banques, pour fêter l’événement, s’auto-congratulèrent et s’auto-invitèrent à un immense banquet. Les mets étaient nombreux en genre, en couleur et en goût. Le vin était Californien ou Chilien ou Australien avec quelques bouteilles de Saint Émilion et de Champagne Veuve Clicquot. Les administrateurs firent gras et chacun en fin de repas et pour respecter la tradition d’Al-Qaïda, émit, non pas un bon du trésor, ni une bombe dans le décor, mais un rot (Rhô) sonore ! Le Président des Présidents Directeurs Généraux des banques, après le rot d’usage prononça un discours pour le peu imagé :
« Mesdames et Messieurs,
En ma qualité de Président des rois du monde que vous êtes, je puis m’attribuer la phrase de l’apocalypse : je suis l’Alpha et l’Oméga. Qu’est l’État (êta) face à notre arrogance ? Que sont les États (attention à la liaison Zêta) face à notre puissance ? Le G8 ? Huit États – attention bis repetita – (Thêta) (attention bis repetita) sont-ils Capables (Kappa) d’être plus forts que nous autres réunis ? La réponse : vous la connaissez comme moi : négative ! Pourront-ils un jour atteindre à nos actifs ? Jamais ! Pis (Pi): si nous nous retrouvons un jour en quasi faillite, ils rachèteront nos passifs… Nous sommes indispensables parce que nous, nous avons la capacité de taxidermiser (Ksi) des millions de Bêtas qui (Khi) sont suffisamment insolents pour en redemander même quand ils sont échoués sur le Delta du Mississipi attendant la délivrance de Katrina pour que leurs dernières devises soient éparpillées sur nos exploitations pétrolières offshore… Il n’y a pas de petits profits ! Notre système est éternel et chacun devra s’incliner devant nos fortunes, car si celles-ci venaient à disparaître, le monde marcherait sur la tête. Mais je m’égare, je m’envole en discours, je cherche mes mots parce que quelque chose manque à l’instant et dans les mots et dans les lettres… »
Le Président ce jour-là téta plus que de raison et fut envahi par un grand blanc. Puis il devint tout blanc. Troublant pour l’auditoire. Il tenta de dénouer sa cravate. De blanc il devint rouge, tout rouge. Puis le rouge vira au bleu et le Président chut. Tout en choyant il mourut. Chut ! C’est un secret de Polichinelle. Il pensait être immortel, l’Alpha et l’Oméga. Ce qu’il cherchait dans ces derniers mots c’étaient les deux dernières lettres de son alphabet grec : l’Epsilon et l’Upsilon !
Les financiers, par « étourderie » ont laissé cramer leur tarte. Les autorités des États rachetèrent, avec l’argent des contribuables, la face brûlée dans l’idée de la jeter ; avec ces devises, les banques remirent une couche de pâte par-dessus les fruits, retournèrent la tarte et la vendirent le lendemain à prix d’or à des bêtas médusés qui n’en croyaient pas leurs yeux… La tradition Solognote est sauve et les sœurs Tatin ont atteint, une fois encore des sommets tout comme la bourse de vendredi. Comme quoi, il est très important de faire toutes les liaisons…
Jean-Marie Giraud
Nyons, le samedi 20 septembre 2008
Comments