Fruits confits en bobines
- Jean-Marie

- 7 mai 2021
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juin


Quand la vie se déroule en abîmant bobinesQue l'cinéma des ans congratule et piétine Il arrive qu'au hasard des crois'ments figurines Qu’l’mpression pellicule s'coagule en pectine Celle qui fait kiffer les pépins pommes et coingsQui fait mauvaise figure citron et poire trop mûrs Qui sussucre les fraises pour faire des gueules en coinDéconfiture des ans pour les grosses mûres mûres ! Mais dit-on blette ou bette quand on n’a plus la cote À force de démesure sur le nombre des ansQue la dernière bobine sur son axe tremblote ?Pour le fruit on dit blet sans circonflexe accent.Alors se paraffinent les envies de vivre vieuxDe conserver les peaux des confitures au secEt de les faire recuire pensant qu'il est précieux De différer le temps qui sépare des obsèquesEn toute métonymie ne sommes-nous pas des fruits ?Et la vie par à-coups ne nous offre-t-elle pas Des marrons et des pêches et d'autres jolis produits Des châtaignes des pruneaux qui proposent trépas ?Et quand le citron gonfle ne prend-on pas l'melon ?Et si le sexe est glabre on parle d'abricotPour les dames s'entend, les hommes en cette région Ont cacahuètes ou noix sous le cigarillo !C'est la poire qui reçoit hommage de belle Hélène Dans la gorge la pomme sur l'gâteau la cerise La dent l'avait croquée peut-être que l'Ève terrienneL'avais juste léchée ? Quand même ce fut la crise !La pomme ne passa pas et depuis ce temps là Le fruit ne s'fit plus doux à peine de la passionSanguines furent les salades mangées sous pergolaAnanas et goyaves n’osant plus tentation…
Sans doute qu’sans la goupille quand la grenade éclate
Les pépins en série constellent de vermillon
Les raisins d’la colère, les mangues juteuses, les dattes
Et les pauvres pastèques percées d’mille aiguillons.
L’homme perdit la banane et devint fruit du chêne
La mûre ne se fit plus sans générer des spasmes
Des groseilles à maqu’reaux dans les zones érogènes
Et dans les figues fraîches comme l’idée de l’orgasme !
Mais alors direz-vous le film dans les bobines
Intègre des scènes obscures où cucurbitacées
Courgettent les airelles des tendres concubines
Obligeant ces belles nymphes à dire « ô pinacées ! »
À l’heure du numérique l’impression pellicule,
Qui fait kiffer rétines pour les grasses joubarbes
Propose paraffine en guise d’opercule
Sur les pots d’confitures des vieilles vies de rhubarbe
Qui s’étiolent en écrans attendant côtes de blettes.
L’oseille alors citronne dans les salles obscures
Le blet de circonstance rend l’amour obsolète
Devant la caméra pour les êtres trop mûrs
Parc’ que leurs fruits tout secs ne peuvent émettre sève
Qu’ils coulissent avec peine sans stars dans le casting
Que pour eux c’est fini que plus jamais la fève
Ne les f’ra souverains même avec un lifting.
Les c’rises alors s’en vont des eaux d’vie enfantines
Comme les prunelles jeunesses imprimant les rétines ;
Les reines-claudes alors trinquent tout en bénédictine
Et les fraises trop sucrées n’sirotent plus grenadine !
Revest-des-Brousses, du 13 au 15 septembre 2019
Jean-Marie Giraud




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